SORTIR DE L’ÉGO-SYSTÈME
L’INDIVIDUALISATION DE L’ÉCOLOGIE
Sortir de l’égo-système : Article proposé par l’association LIVAE, (L’Initiative pour le Vivant, active et Environnementale)
Dans de nombreuses sphères de nos sociétés, et donc de nos vies, l’individualisme a fortement supplanté le solidarisme ou la pensée collective. Du fait du fonctionnement sociétal qui nous entoure, et nous construit, nombre de nos réflexions et de nos questionnements se font automatiquement (malgré-nous, sûrement) à travers un prisme individualiste. Ce n’est pas dénoncer ou qualifier qui que ce soit d’égoïste que de dire cela, c’est seulement tenter de prendre du recul sur notre situation actuelle, et essayer d’accepter collectivement que nous nous sommes trop souvent construits sur des bases individualistes.
D’après nous, l’individualisation de l’écologie est le fait de se satisfaire et par la même occasion de donner plus d’importance aux petits actes quotidiens réalisés personnellement, plutôt qu’à un réel changement structurel et collectif de notre système. Par « petits actes quotidiens » il faut comprendre le fait de trier ses déchets (d’ailleurs, seulement 50% des français le font !), faire attention à notre consommation de viande,ou à la consommation d’eau, etc. Ces actes quotidiens, évidemment, nous les défendons. Ils sont révélateurs d’une philosophie de vie saine, sobre, et importante à promulguer pour le bien-être des humains comme de la nature qui nous entoure.
Mais attention, ce que l’on veut absolument rappeler est le message, très simple, suivant : ces gestes quotidiens ne suffisent pas ! Ils relèvent de la « normalité » et non pas de « l’engagement ». La différence est importante à saisir, et c’est là que se situe tout l’enjeu. Nous pensons que l’écologie est récupérée politiquement, de nombreux mouvements politiques tentent d’instaurer une individualisation de l’écologie. D’après nous, c’est très dangereux et néfaste pour le combat que l’on mène.
La norme qui s’installe dans les esprits : « réalisez des gestes quotidiens personnels et vous serez un bon éco-citoyen » est contre-productive. On le constate avec notre association lorsque l’on rencontre des gens sur le terrain, qui nous expliquent être très sensibles à l’écologie, parce qu’ils font leur compost, sans pour autant remettre en question le système économique et politique qui est à l’origine des problèmes environnementaux auxquels nous faisons face.
La contradiction dans laquelle on se retrouve parait assez flagrante. Il faut bien s’imaginer que cette contradiction, illustrée à partir d’un seul exemple, se répercute socialement à travers des millions de personnes, qui crée donc une norme. Voilà, d’après nous, le danger de l’individualisation de l’écologie, penser que l’engagement personnel par les gestes quotidiens sera suffisant pour faire face à la destruction du vivant.
Notre vision de l’écologie est différente, c’est une lutte, au même titre que la lutte contre le racisme ou contre les inégalités, et ces luttes ont en commun au moins une chose : l’engagement collectif face au système qui produit ces problèmes écologiques, ces problèmes de racisme et d’inégalités. Nous pensons donc que l’heure est à l’engagement collectif ! Peu importe où, quand et comment, peu importe si cet engagement se fait dans des associations, des partis politiques, des collectifs citoyens, ou simplement entre ami.e.s, mais nous ne réglerons pas tous ces fléaux avec des actes individuels isolés.
L’individualisation de l’écologie pose d’autres problèmes contradictoires. Prenons un exemple concret qui concerne de nombreuses personnes : je trie mes déchets, je fais attention à la consommation d’eau, j’achète des légumes de saison, etc. Mais en même temps, je prend ma voiture car j’habite loin de mon lieu de travail, de plus, même si j’essaie de consommer » éthique » les entreprises internationales continuent de produire et créer des besoins superflus. Cette situation est fréquente et rappelle un élément fondamental à ne jamais perdre de vue : ce qui cause la destruction du vivant est l’organisation structurelle de notre société. Individuellement, je n’ai pas d’autre choix que de prendre la voiture pour aller travailler, je n’ai pas le choix de suivre le marché imposée par les riches entreprises et gouvernants internationaux. Bien-sûr il existe des marges de manoeuvres, mais elles sont minimes. Dès lors le seul moyen d’action sur ces éléments qui nous paraissent si forts et lointains, c’et de changer le système, et donc de s’engager, par le vote, par les associations, et par tout ce qui engendre des solutions collectives alternatives.
L’individualisation de l’écologie est également dangereuse pour une autre raison, disons éthique et morale : elle divise beaucoup, ce qui est d’ailleurs un objectif politique évidemment, il n’est jamais aussi facile de gouverner que quand un peuple se divise ! Pourquoi l’individualisation divise ? Parce que l’on se retrouve dans des situations où quelqu’un qui roule en 4×4, qui vote pour des politiques qui se fichent de l’écologie, mais qui trie ses déchets, pourra se désigner comme plus « écolo » que celui qui n’a pas les moyens de mettre en place ces petits actes quotidiens.
Il existe en effet beaucoup de personnes qui sont très éloignées de la cause écologique, par manque d’argent, de temps, d’éducation, ou encore par manque de contacts avec les associations, car ces personnes peuvent être isolées, etc. Tous ces fléaux sociaux, venant s’accumuler sur certaines personnes, font que pour des raisons tout à fait compréhensibles, elles n’ont pas les moyens de consommer localement, n’ont pas les moyens de faire attention à la consommation de leur voiture, de viande et sont donc considérées comme » fautives » comme se fichant de l’écologie.
Pourtant, ces mêmes personnes sont l’exemple parfait démontrant que le système ne fonctionne pas, puisque c’est ce même système qui cause les fléaux donc sont victimes ces personnes.
Pour toutes ces raisons, nous continuerons de défendre l’idée selon laquelle l’écologie doit avant tout être une lutte collective. Il n’est plus possible de continuer à défendre seulement les petits gestes du quotidiens, qui sont importants, évidemment, mais qui doivent s’accompagner d’une volonté de changer de système économique et politique. Sinon, nous agissons individuellement, mais n’impactons pas les premières causes de la crise environnementale, et nous sommes donc dans une contradiction forte, qui ne pourrait aboutir à un échec de la lutte écologiste. Une phrase assez simple résume cette pensée : la lutte n’est pas efficace si elle est acceptée par celles et ceux qu’elle devrait déranger. Il faut ouvrir les yeux sur le fait que les premiers responsables de la destruction de notre humanité sont souvent les premiers à défendre ces petits gestes quotidiens, car ils savent qu’en manipulant de cette façon le combat écologiste, leur système économique et politique est à l’abri d’un vrai changement, ce qui les troublerait énormément.
Avec LIVAE nous tentons de nous inscrire dans l’alternative, et nous essayons de remettre le vivant au centre de nos vies. La lutte écologiste va de pair avec les autres combats, car toutes ont ce lien fondamental qui les unit profondément: le vivant. N’hésitez pas à nous rejoindre pour agir localement à Saint-Etienne et ses alentours ! Et à bientôt pour un nouvel article !
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