LES MÉGABASSINES, ON EN PARLE ?

ARRÊTEZ DE NOUS BASSINER – Article proposé par l’association LIVAE ( l’initiative pour le Vivant, Active et Environnementale )

ARRÊTEZ DE NOUS BASSINER

Ces derniers temps, nombreuses sont les interventions médiatiques parlant des « mégabassines » et notamment des manifestants qui s’y opposent. Pour comprendre les raisons qui poussent ces individus à s’y opposer, il faut comprendre ce qu’est une mégabassine, quels en sont les enjeux, et c’est ce que l’on va tenter de faire dans cet article !

UNE MÉGABASSINE ? C’EST QUOI ? 

En raison du dérèglement climatique, les besoins d’irrigation sont de plus en plus conséquents, et les réserves en eau de moins en moins abondantes. Pour résoudre ce problème, quoi de plus simple que de construire des immenses réservoirs d’eau de 400 000 m3 ! Ce qui correspond à 160 piscines olympiques… !

Et comment remplir ces réservoirs demanderez-vous ? Facile, l’eau est pompée dans les nappes phréatiques de novembre à mars, puis réutilisée quelques mois après lors des périodes de canicules ou de sécheresse.

L’avantage mis en avant pour leur création : elles permettent de poursuivre l’irrigation lors de périodes de sécheresse sans assécher les nappes phréatiques, qui elles sont fragiles pendant ces mêmes périodes de sécheresse. La FNSEA (principal syndicat agricole) y voit un « accélérateur » de transition écologique permettant d’assurer la survie de générations d’agriculteurs.

Si l’on en croit alors ce début d’article, tout est beau, l’agriculture est sauvée, nous pouvons continuer à produire et nous nourrir malgré les sécheresses de plus en plus fréquentes et dévastatrices, grâce aux mégabassines ! Ce ton quelque peu provoquant et ironique n’est pas involontaire. Nous, Livae, pensons comme un grand nombres d’acteurs, qu’il faut relativiser fortement les points positifs apportés par les collectivités, la FNSEA, et d’autres. Pour justifier l’installation de mégabassines, les promoteurs des multiplient les mensonges.

D’après eux, sans ces mégabassines, l’eau de pluie « irait à la mer et serait perdue ». Or dans le cycle de l’eau, l’eau perdue n’existe pas. En pompant le peu d’eau ayant réussi à s’infiltrer dans les nappes phréatiques, c’est tout le cycle de l’eau qui est perturbé au détriment des milieux naturels.

Ce premier petit argument n’en est qu’un petit, et pourtant déjà si prépondérant. On peut ajouter que l’on estime que 20 à 30% de cette eau stockée en mégabassines s’évapore avant de pouvoir être utilisée pour irriguer à cela, il faut ajouter les 10 à 15% d’eau qui s’évaporent entre l’aspergeur, la plante et le sol. Mais ce n’est pas tout, dans les années à venir, le taux de remplissage des nappes phréatiques va diminuer de 30 à 50% à cause du dérèglement climatique, alors pourquoi accentuer ce phénomène en pompant encore plus d’eau dans ces nappes ?

LA GUERRE DE L’EAU EST DÉCLARÉE ? 

Nous l’avons vu avant, les ressources d’eau se raréfient, les inégalités d’accès à l’eau s’intensifient. D’après l’OMS, en 2020, environ une personne sur quatre n’avait pas accès à de l’eau potable gérée en toute sécurité à son domicile. Qu’en sera-t-il dans 20 ou 30 ans si nous continuons dans cette optique d’accaparement des ressources au profit d’un « modèle industriel agro-exportateur dont les mégabassines, énormes cratères plastifiés, sont un artifice ultime pour continuer à ne rien changer » ?

QUE DOIT-ON DONC FAIRE ? 

Les mégabassines sont en réalité des rustines pour un modèle qui continue à stériliser les sols en raison d’une agriculture qui s’est spécialisée et intensifiée. Pourquoi ne pas simplement fairedu sol ce qu’il est censé être, le principal réservoir d’eau ?

Il faudrait développer la matière organique des sols, planter des haies et des arbres, maintenir et restaurer les prairies et zones humides, varier les assolements, sortir de l’usage des intrants chimiques. Ceci permet de limiter le ruissèlement de l’eau au profit de son infiltration. Les solutions existent, des ingénieurs, agriculteurs, des techniciens, ont des idées et la capacité de remplacer notre système productiviste.

Nous appelons alors à ce que les industriels et promoteurs des mégabassines arrêtent de nous bassiner (sans mauvais jeu de mot), leurs actes sont parfois irrémédiables, la biodiversité et les cycles naturels associés à cette biodiversité ne peuvent pas être bousculés encore plus qu’ils ne le sont déjà. Il est fondamental de revenir à des pratiques agroécologiques plus respectueuse des sols.

Article – ARRÊTEZ DE NOUS BASSINER 

A bientôt avec Livae dans Pssst !
Article proposé par l’association LIVAE
( l’initiative pour le Vivant, Active et Environnementale )